C’est au détour du chemin, du fin fond des archives départementales de Pierres-vives, qu’a surgi le nom d’ALDEBERT, celui de Gaston ALDEBERT, maire de Montbazin de 1959 à 1971, puis, à Montbazin même, celui de Louis ALDEBERT.


Y avait-il un lien de parenté entre eux ? Louis ALDEBERT s’était-il installé sur l’avenue de Villeveyrac à la recherche d’ancêtres CHAMBERT ?


Ses poèmes, dans la nostalgie des mots et des émotions qu’ils font partager, pouvaient nous inviter à le penser. Mais « ce n’était que » le beau fruit du hasard de la vie !

&

Louis ALDEBERT nous a quittés le 27 janvier 2020, dans la discrétion qui le caractérisait, nous laissant le regret de ne pas l’avoir rencontré et entendu.


Laissons maintenant à Delphine ALDEBERT, sa fille, nous dire ce qu’il fut, et la fierté de l’œuvre accomplie.


Avec la reconnaissance des Montbazinois d’ici et d’ailleurs !…

Mon père Louis Aldebert s’est éteint le 27 janvier 2020, à l’âge de 85 ans. Toute sa vie il a poursuivi un seul but, lui donner un sens. Et son parcours professionnel autant que personnel illustrent ce désir puissant.

C’était avant tout un amoureux des lettres et particulièrement de la poésie. Il nourrissait une passion pour les livres. Comme lecteur, comme auteur mais aussi comme éditeur. En 1978, il fonde le Cherche Midi Editeur avec ses amis Jean et Michel Breton et Jean Orizet avec la volonté de ne pas publier que de la poésie et d’ouvrir le catalogue à l’humour mais aussi à de nouvelles collections comme « Pensées ». A l’époque il se fixe un objectif ambitieux : « nous y publierons 6 nouveautés chaque année, avec des auteurs très connus du grand public » explique t-il dans « le bulletin du livre » de décembre 1978. Il y publiera ses poèmes « Sommes de toutes parts » ou encore « Double fonds » qui rassemblent ses aventures intérieures vécues. Il livre à ses lecteurs des images qui passent tantôt par le tamis familier de la vie et des paysages arides des Causses lozériens, tantôt par l’écoute des murmures du corps toujours désirant. Au delà de la poésie, il est aussi l’auteur de « Philippine, l’archipel du sourire », « Le point à la ligne » ou encore « Métiers-passions » pour l’orientation des jeunes vers l’artisanat. Des livres qui résument à eux seuls son parcours professionnel intense.

Cette vie professionnelle riche et intense l’amène à choisir le Sud de la France, Montpellier puis Montbazin, pour se consacrer de nouveau à l’écriture. Il voulait aussi se rapprocher de sa Lozère et de La Malène où sont ses racines familiales. Un territoire qui l’a toujours inspiré et sur lequel où il avait trouvé refuge, enfant, après les bombardements alliés de Sartrouville dans les Yvelines pendant la seconde guerre mondiale. Il avait un attachement profond à cette terre où il pouvait parler occitan avec ses habitants. Il naviguait à la fin de sa vie entre Montbazin où il a passé ses 15 dernières années avec ma mère et la Lozère. Il aimait Montbazin qui lui offrait le calme, des promenades dans les vignes et une maison vigneronne dans laquelle il s’était fait une grande bibliothèque pour se consacrer à sa vocation contrariée de l’écriture et pour que les livres ne le quittent jamais.

Car mon père quitte le Cherche Midi en 1981 et se laisse tenter par le journalisme. Rédacteur en chef de « La Vie des Métiers », il devient le spécialiste socio-économique de la MAAF, mutuelle d’assurance des artisans, en 1984, pour prendre à Niort la responsabilité de l’ensemble de ses services de Communication.

Revenu à Paris comme Délégué Général à l’Artisanat de la Mutuelle, il est attaché en 1989 au Directeur Général et devient le premier collaborateur de son successeur, Jean-Claude Seys qui le nomme Directeur de son cabinet après avoir été Directeur de la Communication. Il part à la en préretraite fin 1991. Et c’est l’année suivante qu’il est chargé de mission pour l’Artisanat au cabinet du Ministre du Commerce et de l’Artisanat. Il a toujours défendu l’idée que l’apprentissage et l’artisanat étaient des voies solides d’insertion professionnelle et que ces métiers subissaient encore une image trop négative et avaient besoin d’être valorisés.

Pour son travail, il est honoré Chevalier de l’Ordre National du Mérite au titre de l’artisanat et reçoit la médaille d’Or de la Reconnaissance Artisanale de l’Assemblée Permanente des Chambres de Métiers.


Causse mots étoiles

extrêmes langues de pierre

en surplomb sur les gouffres

extrême frémissement de l’aile en piqué

extrême griffure sanglante du soleil

sur les monts sans cesse promis

extrême arc de la foudre

sur les berges de l’oeil

extrême vol du serpent

tangent à la doline

extrême déchirure de l’aven

croix cardinale des vents

qui m’expose et m’illimite

au delà du causse extrême

Louis Aldebert