Gaston ALDEBERT, maire de Montbazin de 1959 à 1971 :
un descendant CHAMBERT ?

Si le chemin des Piochs est bien à l’origine des inondations de l’avenue de Villeveyrac, c’est surtout son titre de propriété qui fait encore couler beaucoup d’encre :

Quand Isidore Reverbel achète en 1920 la parcelle F 214 du Cadastre Napoléon (Section F des Costes, dite La Garelle), il s’agit d’une parcelle agricole enclavée :

1812 | Cote 3P 3425 | Section F des Costes | Source : https://archives-pierresvives.herault.fr/

Il ne peut donc l’acheter qu’avec « ses aisances et dépendances », c’est-à-dire le moyen d’y accéder librement.

Son titre de propriété (Arch. Département. 45Q1 Vol 2148 N° 58) mentionne en effet « un petit chemin compris dans la vente » :

Cote 45Q1 | Vol 2148 N° 58 | Archives départementales de l’Hérault Pierres Vives Montpellier

A cette époque, les actes notariés identifient le bien vendu d’après les noms des propriétaires voisins dont les parcelles confrontent le bien en question.

Et la boussole était souvent remplacée par la rose des vents du midi (le ladrech, le garbiu, …).

Ici, le petit chemin n’est ni dénommé, ni cadastré, et aucune orientation n’est donnée … Seuls sont mentionnés quatre confronts : Planchon, Serin Antoine, Malabouche et Chambert.

Et c’est ici que le jeu de piste commence car, si les trois premiers confronts sont faciles à identifier au départ du chemin à l’ouest, il est encore possible de prétendre que ce sont les confronts de la F 214 et non pas ceux du petit chemin …

Mais où est donc Chambert ???

Remarque préalable :

Les registres fonciers fournissent peu de renseignements :  ils ne sont mis à jour que rarement, le nom du propriétaire peut persister longtemps après succession, sans tenir compte des changements d’état civil.

Par ailleurs, le statut de la femme était encore, il y a peu, celui d’une quasi incapable majeure ; pour les actes la concernant, elle était « autorisée et assistée de son mari » ! Les biens de l’épouse étaient donc enregistrés, comme on le verra à plusieurs reprises, sous le nom du mari.

De surcroît, le Languedoc appliquait souvent le régime matrimonial dit « dotal », lequel stipulait que le père de la mariée devait doter sa fille de biens permettant à l’époux de « supporter les charges du ménage », l’épouse ne « travaillant pas » !

Les registres d’état-civil témoignent davantage de la vie quotidienne et des alliances entrecroisées entre les gens du village et des villages proches

Les CHAMBERT de Montbazin,  Jean-Paul de père en fils et cousins ?…

Très vite, la figure de Jean-Paul Chambert émerge de nombreux actes d’état-civil, il y est mentionné comme propriétaire foncier, et parfois comme adjoint au maire ; sa signature est recherchée, élaborée et même calligraphique :

Mais d’autres signatures Chambert y sont souvent associées, appartenant à Michel ou Prudent Chambert, dits maréchaux-ferrant, dont un descendant sera un autre Jean-Paul Chambert, vétérinaire à Montpellier. Et nos deux Jean-Paul sont contemporains à Montbazin !

Son père se prénommant également Jean-Paul, c’est par le nom de jeune fille de leur mère qu’il est possible de les distinguer (ici Catherine Dispos) ou par le dernier prénom (de baptême ?)

Jean-Paul Chambert-Dispos (1804-1883) est donc le frère cadet de Rose Chambert (1802-1882), épouse en 1830 d’Etienne Joachim Galabert :

1830 | Acte de mariage Rose Chambert Etienne Joachim Galabert | Cote 5 MI 10/16 Naissances, publications…. Source : https://archives-pierresvives.herault.fr/

Rose et Joachim Galabert sont connus comme étant les parents du Père Victorin GALABERT, co-fondateur avec le père d’ALZON des Assomptionnistes et décédé en 1885 à Nîmes (https://www.memoiredemontbazin.fr/des-hommes/personnalites/victorin-galabert/)

Tous les chemins ne mènent-ils pas à Rome ?!!!

Le 21 juin 1838,  Jean-Paul CHAMBERT épouse Elisabeth Constance VALESQUE : 

Acte de mariage Chambert-Valesque |Cote 5 MI 10/17 Naissances, publications de mariages….
Source : https://archives-pierresvives.herault.fr/

Les VALESQUE sont une famille aisée de Poussan, connue pour avoir donné à la ville de Lyon un de ses échevins du XVIIIème siècle, François II Valesque (1706-1791) (https://fr.wikipedia.org/wiki/François_Valesque).

A en juger par l’appellation de « Mont Valesque »  qui se superpose peu ou prou à la section F des Costes, dite aussi « ténement de la Garelle pour les Piochs », leur compoix (registre foncier d’avant le cadastre Napoléon) devait être étendu.

Source : https://www.geoportail.gouv.fr/carte

De cette union, naîtra Jean-Paul Gaston CHAMBERT (1839-1889) :

1839 | Acte de naissance de Gaston 1 |Cote 5 MI 10/17 Naissances, publications de mariages …
Source : https://archives-pierresvives.herault.fr/
1839 | Cote 5 MI 10/17 Naissances, publications de mariages …
Source :
https://archives-pierresvives.herault.fr/

Gaston CHAMBERT épousera Clémence DIDIER.

Il semble qu’ils n’aient eu qu’une fille, Jeanne-Victoire CHAMBERT, qui épousera en 1895 Adolphe ALDEBERT, secrétaire général de la préfecture de l’Aude  à Carcassonne.

1895 | Acte de mariage Aldebert Chambert | cote 5 MI 54/10 Naissances, publications de mariage.. | Source : https://archives-pierresvives.herault.fr/

Gaston ALDEBERT, né en 1898 à Carcassonne, ne porte-t-il pas le prénom de son grand-père décédé prématurément ?

retrouvant ainsi les pas de son arrière-grand-père à la mairie, au service de tous ?

La famille Chambert-Valesque alliant notoriété et notabilité foncière, l’œil ne pouvait qu’être attiré, surtout en vue aérienne, par la grande maison de maître et son parc faisant face au chemin des Piochs à son issue sur le cami d’Antonègre :

Source : https://www.geoportail.gouv.fr/carte

Le choix de Chambert, comme confront levant toute ambiguïté, avait en 1920 une évidence qu’il n’a plus de nos jours avec la pression foncière.

Ce qui était moins évident, c’était de tenir compte du contexte de l’époque :

Il s’agit en fait d’un confront Valesque correspondant aux biens familiaux d’Elisabeth Constance Valesque, épouse « autorisée et assistée de son mari » Jean-Paul Chambert !

Le « petit chemin compris dans la vente » à Isidore Reverbel aboutit bien au cami d’Antonègre!


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