Champ de Mars, de 52 avant JC au 24 avril 2022, ou les étranges répétitions de l’histoire
Un masochisme politique ?
Dr Anne GALOUZEAU de VILLEPIN, neuroscientifique et psychiatre, écrivain et
conférencière.
Qui se souvient encore de l’évènement à l’origine de l’appellation de ce « champ des
batailles » s’étendant actuellement du Trocadéro à la Tour Eiffel, à proximité de l’Ecole
Militaire ?
C’est en ce lieu que demeurent les restes des derniers Gaulois libres de Paris, vaincus en 52
avant Jésus-Christ par les troupes de Jules César et, parmi eux, leur vieux chef surnommé
Camulogène « fils de Camulus », dieu de la guerre et alter ego de Mars, fils de Jupiter
C’est aussi en ce lieu qu’après la Fête de la Fédération du 14 juillet 1790, se produisit, sous le commandement de La Fayette, farouche opposant à la démocratie populaire, sous les couleurs rouges du drapeau de l’état d’urgence, la fusillade du Champ de Mars. Surnommés « Saint- Barthélémy des patriotes », ces tirs sans sommation firent plusieurs dizaines de morts parmi les tenants de la République. Jean-Sylvain Bailly, maire de Paris, y sera pour cela guillotiné le 10 novembre 1793.
Ce 24 avril 2022 aura-t-il ce même goût amer des défaites de la démocratie ?
Jour 0 de la renonciation du peuple à l’exercice de ses responsabilités souveraines au profit
d’une élite auto-renouvelée au terme d’élections pipées à coup d’épouvantail et de réseaux de cabinets conseil supranationaux?
Certes, le sang ne coule plus, l’anesthésie confortable de la dépendance à l’Etat et la
propagande hypnotisante des medias au prétendu camp du bien auront réussi à faire voter le
peuple contre ses propres intérêts.
Dès 1929, dans « Malaise dans la civilisation », Freud revenait sur le rôle majeur du
masochisme qui pousse l’être humain, -et les civilisations ?-, à reproduire des comportements l’enfermant dans son malheur et ses pulsions de mort sans cesse renouvelées dans ces compulsions de répétition … jusqu’à la servitude volontaire… « Au-delà du principe de plaisir »…
Champ de Mars, théâtre sanglant de jadis, aujourd’hui symbole d’un simulacre d’élections
confortant la confiscation du pouvoir (et de l’argent ?) entre les mains d’une minorité bien
organisée ?
La guerre d’Ukraine ne vient-elle pas, comme Freud jadis, nous alerter de ces lendemains qui déchantent ?